Rêve d’enfant
Une fois n’est pas coutume l’aventure que je vous raconte est longue. Longue dans le temps mais ne soyez pas inquiets j’ai résumé.
C’est l’histoire de la revanche d’un enfant sur une montagne.
A l’époque du temps jadis, cet enfant faisait de la montagne avec son grand frère. Ceci est relatif, son grand frère n’est alors pas encore grand.
Un jours d’été 2002, leurs parents les amènent au pied d’une montagne plus haute (et plus pointue) que celles qu’ils ont faites auparavant. Le mont Viso, 3841m. Malheureusement la tentative échoue à moins de 200m du sommet et le retour dans la tourmente fût douloureux.
Quelques années plus tard une seconde tentative est lancée. Notre héro se fait alors brillamment une entorse de la cheville en courant après un ballon sur un terrain plat deux jours avant l’assaut. Seul l’ainé accompagné de son père, atteint le sommet par une rapide ascension de l’arrête est cependant dans des conditions à faire dresser les cheveux sur la tête des alpinistes les plus téméraires.
Puis le temps passe avec d’autres montagnes dont certaines plus lointaines.
Puis beaucoup de morceaux de cailloux plus petits et raides.
Finalement notre enfant grandit. Il n’a pourtant pas oublié. Par une chaude après-midi d’août, douze ans après sa première tentative, il est de retour au pied de cette montagne.
La montagne n’a pas changé, elle.
Malgré une mauvaise nuit au refuge, il se sent étonnamment bien en forme. Le sentier jusqu’au col des Sagnettes est avalé en moins d’une heure.
Cela aura été le seul moment de pleine forme : la progression se fait de plus en plus lente… La partie sommitale est interminable. De plus le temps est compté avant que la douche quotidienne du Viso ne se déclenche. Les pieds ne veulent plus avancer et atteignent néanmoins le sommet.
Le voilà enfin en haut. La dureté de l’effort a donné un goût amer au sommet. D’autant plus qu’il n’y a pas le temps de savourer. Dernier au sommet pour aujourd’hui et la mer de nuage qui l’entoure s’élève rapidement.
L’encordement pour la descente facilitera la désescalade.
Le brouillard enveloppe les alpinistes 15 minutes plus tard. En même temps qu’un solide mal de crane et la nausée viennent affaiblir notre héro. La descente va être une partie de plaisir…
Les pas de désescalade s’enchainent lentement. Le temps file et le brouillard donne l’impression que la descente est interminable. Ce n’est pas loin d’être le cas.
A 16h30 les voilà à peine sur le glacier, épuisés.
La descente continue, toujours plus lente.
Ce n’est qu’à 21h qu’ils arrivent finalement au refuge. Même plus la force de manger…
Douze ans d’attente pour être fatigué comme ça… j’aurais pu attendre ma revanche encore quelques années 😉
Petite parenthèse pour les amateurs de blocs : la monté au refuge en est clafie!